La mise en place de la dépendance



1) La dépendance physique ou chimique : action de la nicotine


La nicotine dans la nature



Elle provient de la feuille de tabac. 

La nicotine étant soluble dans l’eau, il suffit pour l’extraire d’y laisser les feuilles de tabac tremper 12 heures. L’industrie l’utilise pour ses propriétés insecticides; elle agit en tant que poison des neurones.
Un gramme de tabac contient 10mg de nicotine.


Modèle moléculaire de la nicotine en trois dimensions

Sous sa forme liquide et concentrée, quelques gouttes sur la langue sont mortelles: la mort survenant par paralysie respiratoire.



La nicotine dans la cigarette :

La quantité de nicotine imprimée sur les paquets de cigarette est celle qui est inhalée. En fait, une seule cigarette contient entre 10 et 25mg de nicotine 5 contre 0,2 à 2mg imprimés sur le paquet).
Voici une expérience mettant en évidence la présence de la nicotine dans la cigarette.
La bouteille en verre représente le poumon du fumeurs lorsqu’il fume.
La bouteille étant rempli d’eau, lorsque l’eau est vidée par un tuyau au bas de la bouteille, se produit une dépressurisation dans la bouteille qui « tirera » sur la cigarette comme un fumeur lors d’une bouffée de cigarette.
Un coton est placé dans le tube qui relit la bouteille à la cigarette.



=> Pour la vidéo de l'expérience  voire accueil, vidéo 1.





A la suite de l’expérience, la filtre est ouvert et on remarque qu’il est imbibé d’une substance jaune qui est la nicotine qui a été filtré par le filtre pour ne pas parvenir dans l’organisme. ==> 



















Puis, le coton qui avait été placé dans le tube est lui aussi ouvert, et on remarque la présence de la même substance jaune: c’est la nicotine qui parvient, elle, à l’organisme. ==>











On en conclue donc que le filtre de la cigarette ne filtre qu’une partie de la nicotine présente dans la cigarette, et que à chaque cigarette fumée le corps inhale de la nicotine, environ 10% soit 1mg.



La nicotine dans le corps:

Inhalée par le fumeur, elle arrive au cerveau par voie artérielle en un temps record de 7 à 9 secondes, plus rapidement même que par une injection intraveineuse.



Comment agit la nicotine ?

La nicotine, comme toutes les autres drogues qui impliquent une dépendance, augmente la libération de dopamine.



Les cellules du cerveau communiquent entre elles grâce à des neurotransmetteurs.
La dopamine en est un.


Dans l'organisme, elle participe à :  

  • la motricité
  • l’attention, 
  • la motivation, 
  • l’apprentissage 
  • la mémorisation.
  • les comportements d’approche ( action ou déplacement orienté vers un but ) 

Elle agit sur les circuits de la récompense ou circuit du plaisir.

Le circuit de la récompense, ou circuit du plaisir, est un ensemble de structures dans le cerveau qui indique l’état physique et psychique dans lequel le corps se trouve. Une augmentation de la quantité de dopamine dans ces structures entraîne une sensation de plaisir et de bien-être, même si le personne souffre d'une douleur physique ou morale.



Où ?


Les régions du cerveau concernées par le circuit du plaisir sont les plus affectées par les drogues.

Le noyau accumbens joue un rôle très important dans les circuits du plaisir. Son fonctionnement repose principalement sur la dopamine.

Mais le noyau accumbens ne vit pas en autarcie, c'est-à-dire séparé du reste du cerveau.  Son action est liée à d'autre centres du cerveau :


Le locus coeruleus, centre d'alarme du cerveau, est stimulé par les circuits du plaisir. En période de manque, c'est ce lui qui pousse à le recherche d'une nouvelle dose.


L’amygdale, change la perception de différents éléments après la prise de drogue. C'est ce qui donne au fumeur l'impression que "tout va bien".

L’
hippocampe est la partie qui s'occupe de la mémoire. Elle va permettre la conservation de souvenirs agréables de la période de prise de drogue. Une fois que le toxicomane aura arrêter, ces souvenirs sont ce qui risquent éventuellement de le faire "rechuter" en éveillant l'envie de recommencer. Ce risque reste à vie.
Mais toutes les drogues ne provoquent pas de la même façon l’élévation du taux de dopamine dans le cerveau :
  •  certaines substances imitent les neuromédiateurs naturels et donc se substituent à eux dans les récepteurs ; la morphine, par exemple, s'installe dans les récepteurs à endorphine
  • certaines substances augmentent la sécrétion d'un neuromédiateur naturel ; la cocaïne, par exemple, augmente surtout la présence de dopamine dans les synapses.
  • certaines substances bloquent un neuromédiateur naturel ; par exemple, l'alcool bloque les récepteurs nommés NMDA.
La nicotine se situe dans la premiere catégorie.
Elle imite l'action d'un neurotransmetteur naturel, l'acétylcholine, et se fixe sur un type de récepteur appelé récepteur nicotinique. 
Cette réaction se passe dans l'air tegmentale ventrale.


 Lorsque l'acétylcholine est libérée dans la fente synaptique, les récepteurs nicotiniques vont s'ouvrir en un canal dit "ionique" car il va laisser passer les ions Na+ dans le neurone dopaminergique. 
Le principe est le même avec de la nicotine, elle va stimuler le récepteur artificiellement, sans le message donc du neurone acétylcholine.



 Or, les neurones dopaminergiques sont ceux qui synthétisent la dopamine. Ils vont donc l'envoyer ensuite vers le noyau accumben, puis dans le cortex pré-frontal, tout en stimulant aussi le locus coeruleus. Voici comment la nicotine a agit sur la majorité des parties du cerveau appartenant au circuit du plaisir, et donc responsables de la dépendance.



Après une brève période d’abstinence (une nuit de sommeil par exemple) la concentration de nicotine dans la fente synaptique redescend et permet à une partie des récepteurs de retrouver leur sensibilité à l'acétylcholine. Pour les fumeurs de longues dates, le retour de tous ces récepteurs à un état fonctionnel devient anormal pour le cerveau et les neurotransmetteurs (la dopamine), le fumeur éprouve alors de l’agitation et de l’inconfort qui le conduit à fumer une nouvelle cigarette. 



Comment se met en place la dépendance physique ?

La nicotine, classée drogue depuis 1985, est une substance active sur le psychisme et qui peut etre auto administrée.
La nicotine répond aux trois critères qui définissent une drogue:

·         Le besoin de disposer du produit. Ce besoin peut devenir impérieux, pressant, irrésistible, incontrôlable.
·         L’accoutumance au produit. Bien que toxique le tabac est longtemps toléré. Il y a un effet croissant, bien tolérer le tabac à forte dose est un signe d’imprégnation. Pour certaines drogues, il est donc nécessaire d’augmenter la dose pour obtenir l’effet initial.
·         La sensibilité de manque, de mal-être, lorsque le produit n’est pas disponible. Le syndrome de sevrage à l’arrêt du tabac est corrigé en reprenant du produit (c’est le mode d’action des substituts nicotiniques)

La consommation de tabac procure une sensation globale de plaisir au moment où la nicotine libère la dopamine. Lorsque l’effet agréable s’épuise, le fumeur est incité à recommencer pour retrouver l’etat de bien-être. La motivation se renforce d’elle-même. Ainsi s’installe le « cercle vicieux de la dépendance ». La rapidité avec laquelle la nicotine passe des poumons au cerveau entretient cette rapidité.

Les alternances de bien-être et de besoin constatées dans une journée sont le dues à des modifications que subissent les cellules du cerveau sous l’effet de la nicotine.
Les effets agréables consécutifs à la simulation des récepteurs cérébraux à la nicotine (bonne humeur, concentration facilitée) conduisent à une organisation pour obtenir au cours d’une journée un taux de nicotine à peu pres stable: c’est le renforcement positif.
Le vécu désagréable qui accompagne l’espacement des cigarettes se traduit par la sensation de manque: c’est le renforcement négatif.
La superposition de ces deux processus créer la liaison à la drogue.

Mais la dépendance n’est pas liée à une défaillance de la volonté, car cette dépendance altère la capacité du cerveau à maitriser la consommation.

Y-a-t’il une prédisposition génétique à l’addiction à la nicotine ?

Tous les individus ne seraient pas égaux face aux risques de dépendance à la cigarette. Différentes études déclarent qu'il existerait des variations génétiques liées à la dépendance nicotinique. Or, les chances de succès des traitements de la dépendance à la nicotine (substituts nicotiniques ou médicaments) qui oscillent entre 20 et 35 % à un an, varient d'un individu à l'autre. L'une des explications serait génétique (des différences sur les récepteurs cérébraux, l'élimination de la nicotine de l'organisme ou les deux). Mais peu de recherches ont été faite sur ce sujet, et l'on sait simplement que certains profils génétiques sont liés à un risque plus important de rechute.






 2) La dépendance psychologique


Pour un fumeur, la cigarette est un moyen de se faire plaisir, de ne pas stresser, de se concentrer, de contrôler ses émotions. Cette dépendance est liée aux effets psycho-actifs de la nicotine qui procure au fumeur psychologiquement dépendant à la cigarette : plaisir, détente, stimulation intellectuelle, action anxiolytique, anti-dépressive, concentration et coupe-faim. Cette dépendance peut apparaître peu de temps après les premières cigarettes fumées et varie considérablement d’un fumeur à l’autre. Elle met plus de temps à disparaître que la dépendance psychologique et peut prendre plusieurs mois pour s'estomper. Le suivi d'un tabacologue peut souvent permettre au fumeur de surmonter cette dépendance.


3) La dépendance comportementale ou environnementale


Cette dépendance est liée aux deux dépendances précédentes.Cette dépendance est liée aux habitudes du fumeurs. Elle concerne surtout les geste accomplit au quotidien lorsque le fumeur allume sa cigarette.
C'est loin d'être anodin, puisque les fumeurs réguliers portent leur main à leur bouche plusieurs centaines de fois par jour.







Conclusion: 

La dépendance à la cigarette est en fait complexe et ne se limite pas à une dépendance physique, c'est ce qui fait la difficulté pour le fumeur d’arrêter.

Même après plusieurs années d'abstinence à la cigarette, il ne peut suffire que d'une seule cigarette pour qu'un ancien fumeur "réveille" ces dépendance.



Il existe plusieurs tests permettant de savoir si l'on est dépendant a cause d'une dépendance ou plutôt d'une autre. La dépendance physique est estimée par le test de Fagerström ( voir annexe Lexique) , à l'aide de questions sur la manière de fumer, notamment la fréquence. La dépendance psychique est estimée elle par le test de Horn ( voir annexe Lexique ), qui essaie d'identifier les facteurs extérieurs qui poussent à fumer.